Antoine RIGAL

Domfront - 1966

BIOGRAPHIE

RIGAL Antoine, né à Domfront dans l’Ornele 11 juin 1966.

 

Installé à Flers deux ans plus tard, Antoine Rigal y passe une enfance plutôt heureuse, dans une grande maison familiale où l’entourent une sœur aînée, sa mère, une grand-mère qui le gâte, et un père anarchiste, fonctionnaire aux impôts, auquel il devra les rudiments de sa culture artistique.

Des heures passées à l’école, il se rappelle surtout son envie permanente de dessiner.

A dix ans, la séparation brutale de ses parents l’oblige à partir vivre à Mayenne avec sa mère et sa sœur, une époque dont il garde un très mauvais souvenir. En échec scolaire, ayant terminé sa 3e sans BEPC, il est orienté alors en Lycée Professionnel, dans la section chaudronnerie (où il n’obtient qu’un CAP). Il devient « punk » et part deux mois et demi à Amsterdam en 1986, pour y partager la vie des squatters.

A son retour, il rencontre une compagne avec laquelle il habitera à Laval jusqu’en août 1993, date à laquelle il se fixe à Rennes, où il a le projet d’animer une galerie consacrée à la création des S.D.F. et se débat depuis deux ans avec des problèmes de toxicomanie (après la mort brutale de son père, en décembre 1994, il a failli être emporté par une overdose).

Antoine Rigal a commencé à peindre en 1988, après un jugement pour coups et blessures au cours duquel il avait réaisé le portrait de son juge. Il n’avait en effet jamais cessé de dessiner.

Sa première exposition a lieu en juillet de la même année : il y est découvert par Charles Schattel, le conservateur du musée d’Art naïf de Laval, qui lui prodigue des encouragements. Les rencontres s’enchaînent : Louis Chabaud, Alain Lacoste, Stani Nitkowski et d’autres peintres l’amènent à exposer à la galerie Muduane. Toujours mêlé au monde des musiciens, il se produit également comme chanteur dans le groupe punk Atomic Einstein de 1985 à 1988. Il a exposé depuis à Rennes, Laval, Saffré et Le Mans.

Peintre, poète et musicien, d’une sensibilité nerveuse mêlant l’humour à l’amertume, Antoine Rigal est l’auteur de dessins, bas-reliefs et triptyques peints d’un caractère très narratif proche d’une certaine bande dessinée. Assorties d’inscriptions fortes et laconiques, comme les paroles d’une chanson (lui-même se fait à l’occasion parolier pour des rythmes de rock), ses œuvres évoquent le désarroi d’une nature d’artiste aux prises avec la drogue, la violence, le sexe, et poursuivant sa quête d’un amour toujours fuyant dans un monde éclaté. Dans ses dessins, qu’il enchaîne parfois au jour le jour, comme un journal intime, figurent beaucoup d’animaux et de symboles : le cheval (« horse », bourrin) pour la « défonce », le renard signifiant l’instinct ou l’énergie sexuelle, la caisse marquée Haut/Bas pour dire la fragilité humaine, la bouteille pour l’alcool, les « petits pois », allusion au Néocodion (célèbre produit de substitution), l’échelle sociale, l’oiseau de la liberté et, dans tous les tableaux, l’œil du créateur, symbole de l’âme témoin.

Jouant sur son nom qui donne « galerie » en verlan, Rigal, toujours extrême dans ses passions et ses amitiés, a décidé récemment de devenir lui–même une galerie vivante d’art singulier en se faisant tatouer sur le corps des œuvres de ses artistes préférés : la femme qui pleure de Picasso et un dessin Dayak, tribu de coupeurs de têtes, sur un bras, un « Mademoiselle Sophie » et un Yseult Houssais sur l’autre, sur les épaules, de chaque côté, un symbole indien d’Amérique et une étoile juive avec l’inscription « PAIX !» en arabe à l’intérieur, sans compter un tatouage indéchiffrable sur la nuque, qu’il a rasé comme tous les punks, sa date de naissance 11966 (chiffre hautement maléfique : lui-même, de signe gémeaux, se dit mi-ange mi-démon), et un magnifique Stani Nitkowski, hommage à son père, gravé directement sur le cœur. Pour célébrer tous ses amis artistes, héros de la marginalité, il vient également de publier à compte d’auteur un fanzine de peintres autodidactes intitulé 2 Mains, la liberté !

In Art Brut et Compagnie, La Face Cachée de l’Art Contemporain, Laurent Danchin avec la collaboration de Véronique Antoine-Andersen et Martine Lusardy, Halle Saint-Pierre, La Différence, 1995

 

 

ŒUVRE(S) EXPOSÉE(S)

Sans titre, 1994
Techniques mixtes sur bois, 76 x 35 x 8, CF1094

Collection Cérès Franco

Tête, 1994
Sculpture en bois peint, 41 x 9 x 14, CF1093

Collection Cérès Franco

ŒUVRE(S) DE L’ARTISTE APPARTENANT À LA COLLECTION CÉRÈS FRANCO

Tête, 1994
Sculpture en bois peint, 41 x 9 x 14 cm, CF1093
Sans titre, 1994
Techniques mixtes sur bois, 76 x 35 x 8 cm, CF1094
L'infirmière, l'angoisse, la liberté et son mariage avec A.L, 1991
Feutre sur papier imprimé, 40 x 30 cm, CF1091